LES ACTES et mentions INSOLITES DES REGISTRES D’ETAT CIVIL
    
 

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Les mentions de crues, de pluies fortes ou continuelles et d'inondations sont sans doute celles les plus inscrites dans les registres !
Les pluies continuelles durant de nombreux mois  n'engendrent pas d'inondation record mais font considérablement augmenter le prix des denrées en fin d'année , puisque les récoltes, voire les semis , se trouvent compromis.

Lire ICI  plus d'informations très complètes     et  ICI

Voici quelques années pluvieuses illustrées dans cette page.
1650 St Fargeau (89)
1725 St Romain-sous-Versigny (71)
1725 Oisseau-le-Petit (72)
1725 Louvigny (72)
1738 Dangeul (72)
1738 Torcé-en-Vallée (72)
1751 St Cosme-de-Vair (72)
1787 Sougé-le-Ganelon (72)
 

 

 

L'année 1650 a connu des conditions météo assez mauvaises avec un été froid , des pluies fortes et fréquentes. Avec les 2 années précédentes , elle fait partie des "trois trop aqueuses" avec 226 jours de pluie . (source) 
Voici ce que confirme le curé de St Fargeau (Yonne) pour cette année 1650 .
Les pluies commencées en août "par un grand tonnerre" continuèrent jusqu'en décembre. Les semis d'automne furent impossibles "et le peu que l'on a pu emblaver (=semer) les limasses en grand nombre () les ont mangé" .
 

" Ceste année a esté fort pluvieuse Les pluyes commancerent
au moys daoust par un grand tonnerre qui fu toute une nuit
et continua la pluye les moys daoust septembre octobre
novembre et decembre sy vifs que lon na peu emblaver la terre
et le peu que lon a emblave les limasses an grand nombre
causees et engendrees par les pluyes les ont mangé,  et nous voyons
que dieu a retire sa benediction de dessus la terre et cause
d'une famine . Donc, Dieu nous garde"

 


Ad89 St Fargeau 4E390/E1 vue118

 

  L'année 1725 fut non seulement pluvieuse dans toute l'Europe mais elle fut aussi particulièrement froide , compromettant ainsi les récoltes .
Cependant, les prix élevés ne durèrent pas en 1726 , laissant supposer qu'il y avait des stocks de grains et que la récolte de 1725 ne fut pas si mauvaise.


 

Merci à Isabelle de St Malo bénévole sur le site registres18
 

 St Romain-sous-Versigny - (Saône et Loire) - 1725 -

Mr le Curé Bollereaux décrit les conséquences de ces pluies "douces" qui commencèrent à tomber durant la semaine de Pâques "suivies de si abondantes et si fréquentes qu'il y a longtemps qu'on a vu une année si pluvieuse
Le foin et le regain pourrirent le long des rivières en crue tandis que les raisins encore verts s'abimaient de même. Et selon le curé, "ils sont si verts qu'à peine peut on dire que c'est du vin"
 

"Cette année 1725 a été très inconstante ou plutôt très constante en pluie .
il tomba le 18 de janvier et les deux jours suivants une grande abondance de neige
qui fondit 5 ou 6 jours après par un vent de midy très chaud : depuis ce tems là on ne
vit ny pluie ny neige , et le tems fut extrêmement sec jusqu'au vendredy saint
qui était le 30. de mars , où il tomba et les deux jours suivants une neige qui fondit
aussitôt, ce qui remit un peu les bleds que l'on croiait presque perdu . ils furent
entièrement rétablis par une pluie douce qui tomba sur la fin de la semaine de
Paques , en toutes choses il y a un commencement , ces petites pluies furent suivies
de si abondantes et de si fréquentes qu'il y a longtems qu'on a eu une année si
pluvieuse . parmy les desbords des rivières , il y en a eu deux qui ont entièrement
noaïllés et les foins et les regains et les ont tout à fait pourry le long des grandes
rivières . on a eu mille peines à recueillir les grains , et il y a des graines de froment
et surtout de semis qui ont germés dans l'épie auparavant que d'avoir pu etre
coupées . le vin a été encore plus mal traité , car au premier de septembre il n'y avait
pas encor une grume de raisain (...) .ont avait perdu partout lesperance de
vendanger , lorsque le beau tems se prit le 8 de Septembre et dura prés de trois
semaine , ce qui donna occasion de jetter en terre à la hâte quelque semence qui
réussit mieux que lon ne simaginait . mais le mauvais temps ayant recommencé
mit hors des gonds la plupart des metayers qui n'ont jamais pu achever leur
semailles, et de vendanger à la St Denis , malgré que lon en eut . Les raisains
n'étaient pas à moitié mûrs , mais ils pourissaient , et a quelque prix que ce fut
il fallait les oter de la vigne , pas sans difficultés, car à la Toussaints on
n'avait pas encor finit dans quelques endroits , et le vigneron de St Romain ne
tira sa cuve qui netoit pleine que le dixieme de novembre tous les
vignerons ne savent que faire de leurs vins. on ne sauroit se resoudre a en
boire . leau dispute avec eux de la force , ils sont si verts qu'à peine peut on
dire que c'est du vin, et on le trouve dautant plus mauvais que les vins de
Viry etoient excellents . quoy qu'on aye asses mal semé, la mesure de bled
mesure de Toulon n'a pas excedé vingt sept sols, il se vend communement
24  . "
 

 

Ad71 St Romain-sous-Versigny BMS 1672-1749 vue148

Dans la Sarthe, c'est le curé d'Oisseau-le-Petit (Sarthe) qui écrit quelques lignes sur cette année 1725  :
" Il a fait un temps très mauvais par la continuation des pluies abondantes"

"dans cette présente année il a
fait un temps très mauvais
par la continuation des pluies
abondantes en sorte quon
desesperoit pouvoir tirer les
grains des champs il y en a
eu beaucoup de gaster
le pain a valu la livre
jusqua cinq sols et dans
la ville dalencon le public
souffrit beaucoup ( ) "

 


Ad72 Oisseau-le-Petit BMS 1700-1760 Vue111

Le curé de Louvigny (Sarthe) mentionne lui aussi "les pluyes ( ) continuelles depuis la my avril " de cette année 1725. Le travail des champs  fut très perturbé , "les foins ont esté perdu , pour sécher les grains on a esté contraint de les mettre dans les fours chaux ".

"Registre pour
l'année 1725
L'année mil sept cens vingt cinq a esté
funeste a plusieurs personnes par la chereté
du grain qui a valu jusqua seize livres
le boisseau de sonnois & les pluys ont este
continuelles depuis la my avril , en
sorte qu'on na presque pas pu faire la
récolte les grains  se sont germés debout
on a esté obligé de travailler les fetes
et les dimanches . les foins ont esté perdu
pour secher les grains on a etté contraint
de la mettre dans les fours chaux &
encore le pain n'en valoit rien"

 


Ad72 Louvigny BMS1711-1753 vue12

 

L'année 1738 connait aussi des pluies continuelles d'automne après une grosse chaleur en juillet. Les blés ne grossirent pas et l'on ne put semer avant l'hiver.
Pour éviter une disette, les habitants du Mans "ont fait venir pour cinquante mille écus de blé de basse bretagne et d'écosse " . La pauvreté augmente à cause du prix élevé du blé et le curé de Dangeul (Sarthe) s'alarme du nombre de pauvres : "il en vient a ma porte chaque jour 120, 130 et 140 " .
D'après cette mention, octobre 1737 connut aussi des pluies continuelles empêchant les semis.

"Observations sur cette année 1738
cette année les pluies continuelles ont empeché
plusieurs personnes de semer au mois d'octobre
1737 et les chaleurs excessives qui sont
venues au mois de juillet ont tellement
serré le grain dans l'epy qu'il ni a
presque rien et le blé vaut le 30 décembre
1738 huit livres mesure de René et vaudroit
beaucoup davantage sauf la sage precaution
des habitans du Mans qui ont fait
venir pour cinquante mille ecus de blé
de basse bretagne et d'écosse toutes les
communeautés ecclesiastiques et seculieres
ayant fait 80000 livres et le roy ayant
preté le surplus le nombre des pauvres
est si grand aujourdhuy qu'il en
vient a ma porte chaque jour 120
130 et 140 dieu veille que le nombre
ne s'augmente point mais il y a bien
de l'apparance qu'il sera bien plus
grand dans les mois de may et juin
fait le 30 10bre 1738 Berault curé"

 

 


Ad72 Dangeul 1MI 971 R2 vue36
Les registres de Torcé-en -Vallée (Sarthe)  relatent aussi ces "pluyes abondantes" de l'automne 1738

" Lannee 1738 a este chere annee
on na pas pu ensepmencer la terre a cause
des pluyes abondantes qui sont tombees
sur la fin de lannee presente 1738 "


Ad72 Torce-en Vallée 1 MI 1106 R3 vue326
 

Commune de St Cosme-de-Vair ( Sarthe)
1751
fut aussi une année pluvieuse avec des "pluyes presque continuelles du 24 fevrier jusqu'au 29 may.
 On observe les mêmes conséquences  pour la récolte qui "na pas eté la moitié de l'année derniere"

"Les pluyes presque continuelles depuis le 24. fevrier 1751
juqu'au 29. may sans qu'on ait pu ensemancer la sixieme
partie des mars, et depuis cette derniere datte et avec
beaucoup d'interruptions surtout au tems de la St Jean : la
recolte de 1751 outre quelle n'a commencé ouvrier qu'a
la St Laurent et souvent interrompue par les pluyes
abondantes na pas été la moitié de l'année derniere
tant pour les gros grains qui l'un dans l'autre ne rendent
pas demi boisseau, que pour les menues grains dont la
recolte n'a fini que le 17. de novembre par la
dificulté de murir, ce qui a fait augmenter le froment a
( ) jusqu'à 9 livres 10 sols le meteil 8 livres 10 sols la mouture
7 livres. Les vendanges n'ont produit aucun bon vin en quelque
canton que ce soit, les chanvres n'ont rien vallu et en petite
quantité, le prix de 9 à 10 livres et meme 11 livres a duré jusqu'apres
la recolte suivante pour le froment et a proportion des autres
grains"

 


Ad72 St Cosme-de-Vair BMS1750-1759 vue26
 

Le dernier témoignage de ces pluies continuelles  que je citerai est issu des registres de Sougé-le-Ganelon (Sarthe)  en 1787. Cette année-là sera le début de 3 ans de fortes perturbations climatiques dont on dit qu'elles furent à l'origine des émeutes de 1789, tant les récoltes furent mauvaises. En 1787, les récoltes purent se faire dans de bonnes conditions mais les pluies continuelles qui suivirent " ont fait grand tort a la venue des blés noirs et du chanvre" .
"plusieurs terres n'ont point été ensemencées , il n'y a eu aucun fruit d'aucune espèce ; et le vin s'est trouvé de la plus mauvaise qualité"

Lire
 
" Cette année a été très abondante en gros grains ;
le temps de la récolte tres favorable mais il a ensuite
succédé des pluies continuelles et tres abondantes
qui ont fait grand tort a la levée
des blés noirs et des chanvres . les eaux de longtemps
n'avoient été si grandes, ni de si longue durée;
Restes des planches de monnay ont été entièrement
emportées, et nous n'avons plus de communication 
avec le village de la chapelle . les pluies
continuelles ont été cause qu'on a eu beaucoup
de peine a labourer et semer , et plusieurs
terres n'ont point été ensemencées. il n'y a eu
aucun fruit d'aucune espece; et le vin s'est
 trouvé de la plus mauvaise qualité " 

 


Ad72 Sougé-le-Ganelon 1MI 1129R3 vue94

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